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Les Campagnes du 100éme Régiment d'Infanterie

Extraits du JMO du 100ème Régiment d'Infanterie.

(pensez à cliquer sur les photos pour les aggrandir).



En 1914 le 100ème Régiment d'Infanterie était était en garnison à Tulle où se trouvait l'une des trois manfactures d'armes qui produisait en particulier le fameux fusil Lebel fleuron de l'époque mais toutefois présentant un défaut de taille ; les cartouches s'inséraient une par une lors de son chargement.




Le plan XVII, préparé en 1913, est appliqué dès le déclenchement de la guerre. Il s'agit d'un plan de mobilisation et de concentration des forces françaises. La majeure partie du corps de bataille est envoyée le long des frontières franco-belge et franco-allemande (de Givet à Belfort), avec une variante pour faire face à une invasion de la Belgique par les armées allemandes.

Le plan est mis en œuvre à partir du 2 août 1914 sous les ordres du commandant en chef français, le général Joffre. Il entraîne les offensives françaises en Haute-Alsace (à partir du 7 août), sur le plateau lorrain (à partir du 14 août) et dans les Ardenne belges (à partir du 21 août), elles échouent toutes lors de la bataille des Frontières.

Deux grandes offensives françaises sont prévues, l'une sur le plateau lorrain entre les Vosges et Metz par les 1ère et 2ème armées, l'autre dans le Thionvillois entre Luxembourg et Diedenhofen (ou dans le Luxembourg belge en cas d'invasion de la Belgique) par les 4ème et 5ème armées.






Selon le plan XVII la 4ème Armée, sous les ordres du Général de Langles de Cary et dont dépend le 63ème Régiment d'Infanterie, doit se déployer autour de Saint Dizier et Bar le Duc et doit rester en réserve sur l'Argonne.






La Bataille des Frontières.




La Marche de manoeuvre.



Le 8 août 1914 le 100ème Régiment d'Infanterie embarque à Tulle pour se rendre en 2 jours de chemin de fer dans la région de Sivry en Argonne où il cantonne.


Le Bataillon MARCHAND débarque à Villers-Daucourt le 10 août à 22 heures, le Bataillon PEROUSSE débarque également à Villers-Daucourt le lendemain à 12h30. Quant au Bataillon BOBIN il débarque à Sainte Ménéhould le 10 août 1914 à 20 heures.


Le 12 août chacun des Bataillons cantonne respectivement Froidos, Rarécourt et Grigny.




Alors commence la longue marche de manoeuvre qui durera 10 jours. Les Ardennes, pays de coteaux et de bois, sont traversées. les étapes sont courtes, les cantonnements sont convenables.




Le 13 août le 3ème Bataillon rejoint les deux autres Bataillons à Rarécourt. Le Régiment, au complet, cantonne le 14 août 1914 à Charpentry, cantonnement qu'il quitte le 15 août à 4h35 pour gagner Sassey sur Meuse où il arrive à 9h après une étape de 10 km.

Le 16 août 1914 le Régiment prolonge son mouvement sur Laneuville Luzy où il cantonne après avoir effectué une marche de 27 km.

Le 17 août 1914 l'ordre est donné de se porter sur la rive droite de la Meuse. Après une étape de 10 km le Régiment cantonne à Malandry. Le 18 août 1914 le bataillon Marchand rompt à 14h de Malendry pour Villy. Il y construit une passerelle sur la Chiers avec des charrettes lorraines réquisitionnées.

Le 20 août 1914 le Régiment quitte Villy pour se rendre à Florenville. La frontière belge est franchie dans la nuit du 20 au 21 août, la guerre commence pour les hommes du 100ème Régiment d'Infanterie.





Les combats d'Izel et de Saint Médard.


Le 21 août 1914

L'ordre est donné d'interdire à l'ennemi d'occuper la clairière de Florenville. Vers midi les Allemands attaquent. Judicieusement engagées les réserves du Régiment culbutent, par une charge à la baïonnette, les éléments allemands et les forcent à regagner leurs abris dans les bois ; la clairière de Florenville est préservée.


Pour un début, une simple escarmouche, les pertes sont sévères : 1 officier et 48 hommes de troupe sont tués, 3 officiers et 148 hommes de troupe sont bléssés, 6 soldats sont portés disparus.



C'est lors du combat d'Izel qu'ont péri :

Le 2ème classe LAFARGE Louis, âgé de 21 ans, natif de Bujaleuf.

Le 2ème classe JALOUNEIX Pierre, âgé de 23 ans, natif de Bujaleuf.



Le 22 août 1914

L'ordre "d'attaquer l'ennemi partout où on le rencontrera" est donné. le Régiment entreprend alors une marche vers le nord et fait reculer l'ennemi qui défend le terrain pied à pied. le 3ème Bataillon subit un tir de 77 allemand en traversant la crête au nord-est de Nevraumont. Il bivouaque ensuite sur le champ de bataille. Le 1er et 2ème Bataillons bivouaquent quant à eux à Biourge.


Le 23 août 1914

A 3h30 du matin il faut quitter Biourge et se porter sur Saint Médard qui est atteint à 6h du matin. L'artillerie allemande ouvre pour la première fois le feu sur les lignes françaises. Un ordre verbal est donné de commencer le repli des troupes sur Florenville. Une grande halte est faite à La Cuisine. A 17h le départ est donné pour Mogues où le Régiment arrive à 19h et y cantonne.


Les pertes du 22 et 13 août sont de 57 hommes bléssés et 14 disparus.



La Retraite.



Le 24 août 1914 se déroule le combat des Deux Villes. Après avoir quitté Mogues les 1er et 2ème Bataillons retrouvent le 2ème Bataillon à Tremblois, le Régiment prend position au nord-est des Deux Villes. Les Français reculent sous la grèle des shrapnels. Le Bataillon PEROUSSE se replit sur Blagny et ne rejoindra le Régiment que le 25 août à Lethane. les pertes s'élèvent à 2 officiers tués, 3 hommes tués, 44 disparus et 153 blessés.


Le 25 août 1914, à Blagny, est mort

Le 2ème classe NANEIX Louis, âgé de 22 ans, natif de Bujaleuf.



Le lendemain 25 août 1914, la retraite continue. Après un moment de résistance au Calvaire de Vaur une marche pénible, par la chaleur, est engagér pour atteindre le pont de Pouilly et cantonner à Létanne. Le colonel appelle l'attention du commandant sur l'état de fatigue du régiment qui a été engagé 4 jours consécutifs et qui n'a reçu aucun vivre depuis 3 jours. le Régiment est alors relevé de cette mission de repli et se rend à son cantonnement à Letanne.

Le 26 août 1914 le Régiment repart sur Yoncq comme soutien d'artillerie. Le 27, le régiment s'organise défensivement. Le soir, il se porte sur Flaba. Le village n'étant pas occupé, il bivouaque, prêt à attaquer sur Raucourt.

Le 27 août 1914 nos troupes, suite à un contre-ordre, marchent en terrain découvert sur Yoncq. Six à huit mille hommes sous la surveillance d'un avion boche qui arrose copieusement de 77 les hommes. Ceux-ci voyant les éclatements trop élevés et ne souffrant pas de ce feu, marchent dans un ordre admirable. Le régiment attaque sur Yoncq, le 1er Bataillon en tête, le 2ème en soutien, le 3ème en réserve. L'attaque est reçue par des mitrailleurs allemands parfaitement dissimulés. En quelques instants, le 1er Bataillon est réduit à s'accrocher comme il peut au terrain. Le 2ème, qui vient à la rescousse, subit à son tour de graves pertes. Il faut battre en retraite. Elle se fait d'un coup jusqu'à Stonne où le régiment se reconstitue et se repose. Les pertes sont grandes. Un lieutenant tué, 2 capitaines blessés mortellement, 4 lieutenants blessés, 11 hommes tués et 254 blessés, et de plus 1 officier et 247 disparus.


Les bataillons du 100e sont obligés de refluer. La retraite s'opère par échelons sur la Besace et Stonne, où le régiment fait un repos. Le régiment va cantonner à Sy.


A Yoncq et à La Besace ont trouvé la mort :

Le sergent DUTHEIL François, âgé de 23 ans, originaire de Peyrat le Château.

Le 2ème classe JALOUNEIX Jean, âgé de 23 ans, natif de Bujaleuf.

Le 2ème classe LEPETIT Guillaume, âgé de 21 ans, natif de Bujaleuf.

Le 2ème classe MEILHAC François, âgé de 22 ans, natif d'Eymoutiers.

Le 2ème classe ORLIANGE François Maurice, âgé de 22 ans, natif de Domps.

Le 2ème classe SERRU Alexandre Etienne, âgé de 24 ans, natif de Peyrat le Château.



Le 28 août 1914 le Régiment bivouaque au sud de Noirval.

Du 29 août au 2 septembre 1914 la retraite se fait en ordre sans toutefois être pressée par l'ennemi. Le 30 août 1914 le Régiment fait tête victorieusement à Vandy, 9 hommes sont tués, 31 blessés et 4 disparus.

Le 1er septembre 1914 le Régiment suit la division dans son mouvement de retraite et arrive à Monthois à 14h où il cantonne. A 20h départ de Monthois par alerte pour aller à Orfeuil.

Le 2 septembre 1914 il reçoit l'ordre de quitter Orfeuil et de se porter par Somme-Py, en réserve de division à Sainte-Marie-à-Py. Le 1er Bataillon passe tranquillement, le 2ème est atteint par des feux d'artillerie et s'en tire presque sans pertes, le 3ème, qui forme l'arrière-garde, presque entouré, laisse aux mains de l'ennemi 4 officiers et 103 hommes. Le reste, après des efforts acharnés, ne rallie le régiment que le 5 septembre, après avoir servi d'arrière-garde pendant deux jours

Le 3 septembre 1914 à 3 heures le Régiment reprend sa première destination et arrive à Cuperly à 10h30.

Le 4 septembre 1914 il arrive à Pogny où il reçoit l'ordre de défendre le secteur. Après quelques escarmouches il démolit quelques patrouilles de hussards saxons et, la nuit, reprend la marche vers le sud. La retraite continue.




La Bataille de la Marne.


Le 100ème RI participe à la bataille de la Marne. Elle oppose une partie de la IVème armée allemande du prince Albert de Wurtemberg soutenu par le XIXème corps d'armée de la IIIème armée allemande de Hausen à l'aile gauche de la 4ème armée française du général Langle de Cary. Le 12ème corps d'armée, formé des 23ème et 24ème divisions d'infanterie, dont le 100ème RI assure la liaison entre les deux ailes de la 4ème armée, il est renforcé par l'artillerie lourde de l'armée soit un groupe de 12 pièces de 155. Les troupes allemandes ont reçu l'ordre de se diriger vers le sud et de percer les lignes françaises. Durant quatre jours, les combats font rage sans gains territoriaux. À partir du 8 septembre, le début de la retraite des Ière, IIème, IIIème armées allemandes et l'arrivée en renfort du 21ème corps d'armée permet un début d'enveloppement de la IVème armée allemande qui est contrainte au repli.



Le 5 septembre 1914 Après avoir quitter Pogny, le Régiment embarque en chemin de fer à Loisy, gagne Chavanges et rejoint un cantonnement à Lesmond. Après deux jours de repos il reçoit l'ordre de se porter au nord pour prendre part à la Bataille de la Marne.

Le 6 septembre 1914 il va cantonner à Bétignicourt. Le 7 septembre 1914 après une grande halte à Gigny aux Bois il occupe le village de Saint Chéron où il cantonne.


Le 8 septembre 1914 le 100ème Régiment d'Infanterie quitte Saint Chéron et se porte sur les Rivières Henruel. Le Bataillon MARCHAND se porte sur Petites Perthes avant de rallier le Régiment à 22h.

Le 9 septembre 1914 Après deux jours de marche et de formations de manœuvres, le régiment engage le Bataillon MARCHAND. Le 10 septembre à 4h du matin, tout le monde se porte à l'attaque. A 4 heures, marche générale sur les Petites-Perthes en colonne double, les Bataillons à 500 mètres d'intervalle face au nord, 2ème Bataillon en tête, 3ème en soutien à droite et le 1er en réserve. le Régiment progresse dans sa formation de rassemblement malgré les rafalles d'artillerie lourde et d'artillerie de campagne. le bilan des pertes indique le degré de tenacité du Régiment : 1 officier et 40 hommes tués, 3 officiers et 303 hommes blessés, 83 hommes prisonniers ou disparus.



C'est lors de cette bataille aux Petites Perthes que sont tombés sur le champ de bataille :

Le sergent CHAMPAUD Louis, âgé de 26 ans, natif de Nedde.

Le 2ème classe LINTIGNAT Pierre, âgé de 22 ans, natif de Peyrat le Château.

Le 2ème classe MONTEIL Pierre, âgé de 22 ans, natif de Bujaleuf.

Le 2ème classe MAGNAUD Henri, âgé de 21 ans, natif de Nedde.



Les Boches ont rompu le combat dans la première partie de la nuit. Au matin du 11 septembre 1914, le Régiment reprend ses positions. le mouvement offensif reprend. Un détachement marche sur Ceuse à la poursuite de l'ennemi qui démoralisé bat en retraite. La nuit arrête la poursuite. Le Régiment s'installe au bivouac à Blacy.

Survient alors l'ordre suivant :


« Marchez droit devant vous, l'ennemi bat en retraite, la France a vaincu à la Marne. »


le 12 septembre 1914 le Régiment rejoint Somme-Yèvre qu'il atteint à 23h et où il cantonne sous une pluie battante.



Stabilisation.



Alors commence cette stabilisation qui ne finira qu'en 1918.


Le 16 septembre 1914 le régiment reçoit l'ordre de se porter par Somme-Suippe et Suippes vers Souain. A 18h il reçoit l'ordre d'aller cantonner à St Rémy où il arrive à 21 h



Est mort à l'hôpital de Périgeux, des suites de blessures de guerre

Le 2ème classe LACELLE Paul, âgé de 21 ans, natif de Bujaleuf.





Le régiment passe la nuit du 17 septembre 1914 au bivouac dans le boqueteau au sud-est de la ferme Jonchery. Il reste en rassemblement à la ferme Jonchery jusqu'au 19 septembre 1914. Une position défensive est organisée sur la Suippe.

Le 21 septembre 1914, pendant la nuit, le 1er bataillon attaque. Dès le début, un feu violent de flanc et de front couche à terre la première ligne. Les unités suivantes essaient néanmoins d'avancer, mais au prix d'énormes difficultés elles ne gagnent que quelques mètres, et à leur tour se couchent et se creusent comme elles peuvent des trous de tirailleurs. Pendant deux heures, sous ce déluge de mitraille, le glorieux 1er bataillon tient. Enfin, le feu adverse redoublant d'intensité et les pertes prenant des proportions extrêmement importantes, il se replie sur ses tranchées de départ.

Le 22 septembre 1914 le 1er bataillon, épuisé, va se reposer et se reformer à Jonchery. le Régiment occupe la partie sud de Jonchery qui de temps à autre reçoit des quelques obus d'artllerie lourde allemande. Ce cantonnement est conservé jusqu'au 27 septembre 1914 date à laquelle le Régiment se porte au nord du chemin de Baconnes à Vaudesincourt.

Jusqu'au 30 septembre 1914 le Régiment est successivement en secteur à Saint Hilaire, aux Deux Arbres, Auberive et en cantonnement à Mourmelon. Malgré l'absence de combat le Régiment subit cependant des pertes graves.

Le 1er octobre 1914 le Régiment quitte les tranchées et va cantonner à Mourmelon. Après 4 jours de repos, le régiment quitte son cantonnement pourgagner la rive droite de la Suippe, de St Hilaire à la cote 117 au sud-est d'Auberive.

Du 8 au 11 octobre 1914 et du 14 au 18 octobre 1914 le 100ème R.I. cantonne à Mourmelon.



La guerre des tranchées.



Du 19 octobre 1914 au 25 mars 1915 le Régiment occupe le secteur de Thuisy. Alors commence la guerre des tranchées.


Secteur de Thuisy.



Tout est réuni pour permettre, par le seul fait de l'occupation du terrain, une véritable instruction de la troupe et des cadres. Secteur calme, terrain plat, semé de boqueteaux, acharnement médiocre l'un contre l'autre, organisation embryonnaire, peu d'artillerie des deux côtés. Après quelques jours consacrés à l'amélioration des gourbis, le Régiment exécute un travail complet d'organisation pour mettre en état de défense la position.

Le 20 octobre 1914 le Régiment prend position dans les tranchées de première ligne situées à environ 300 mètres des tranchées ennemies. Nos troupes subissent des tirs d'artillerie. La situation est la même les jours suivants.

Désormais la vie des hommes consistera en 6 jours de ligne, 6 jous de réserve et 6 jours de repos à Courmelois ou Thuisy et cela jusqu'au 24 mars 1915.

Le 24 mars 1915 le Régiment est relevé et va passé 2 jours à Villers-Marmery.

Le 26 mars 1915 une marche de nuit conduit les hommes du 100ème R.I. à Saint Hilaire au Temple où ils passent toute la journée. Le lendemain matin, 28 mars 1915, à 5 heures, la marche reprend pour atteindre Drancy. Le Régiment est alors au repos jusqu'au 29 mars.

Le 29 mars 1915 le Régiment quitte la région en embarquant à Vitry-le-François pour se rendre dans la Meuse. Il cantonne successivement à Pagny-sur-Meuse, Avrainville et Griscourt.


Le bois d'Ailly.



Le 30 mars 1915 après avoir traversé Toul, le Régiment débarque à Foug pour gagner à pied Pagny sur Meuse. Après une pause d'une journée il repart le 31 mars 1915 Avrainville où il passe la journée.

Le 1er avril 1915 le Régiment se rend à Griscourt où il reste jusqu'au 8 pour occuper ensuite les tranchées.

Le 9 avril 1915 Une attaque infructueuse a lieu sur les organisations allemandes. Les pertes sont de 9 tués, 56 blessés.

Le 11 avril 1915 Le Régiment est relvé. Du 12 au 24 avril, occupation de tranchées, séjour en cantonnement, rien de remarquable.

Le 24 avril 1915 l'assaut est donné sur les tranchées du Bois d'Ailly, les hommes occupent des tranchées allemandes et résistent pendant trois jours et deux nuits aux contre-attaques.

Du 24 au 30 avril 1915 le Régiment a perdu 86 tués dont 4 officiers, 330 blessés dont 7 officiers, 56 disparus dont 2 officiers.

Le 30 avril 1915 Les 3 Bataillons du 100ème Régiment d'Infanterie vont cantonner à Grimaucourt.


Les tranchées de Sommedieue.



Le 2 mai 1915 Le Régiment embarque en chemin de fer, après avoir traversé Bar le Duc, Sainte Menehould et Verdun il débarque à Dugny et se rend à pied à Somedieue en passant par Ancemont. Il y cantonne jusqu'au 9 mai 1915.

Le 10 mai 1915 Retour aux tranchées où les hommes restent pendant 4 jours. Le 14 mai 1915 au soir, le cantonnement de Sommedieue est gagné et le Régiment a droit au repos, la vie est si calme qu'on ne s'y croirait presque plus au combat. Il y reste jusqu'au 26 mai 1915, tantôt en ligne dans le bois Loclont, tantôt en rafraîchissement à Sommedieue

Le 27 mai 1915 il débarque vers Toul. Les 3 Bataillons cantonnent dans la région de Toul jusqu'au 5 juin 1915.

Le 5 juin 1915 le Régiment quitte Dommartin à 18 heures pour arriver à 23 heures à Liverdun où il prend du repos pendant 8 jours. ensuite il se rend à Pompey, y passe 2 jours, gagne Dieulouard pour une journée. La marche se poursuit sur Pont à Mousson (repos 3 jours), Griscourt (repos d'une journée), Montauville où le Régiment arrive le 13 juin 1915 pour repartir le 16 juin 1915 direction de Rosières en Haye où un repos de 8 jours lui est accordé.

Le24 juin 1915 le Régiment cantonne à Villers en Haye, Jonc Fontaine et Griscourt. Puis le 1er Bataillon prend position au Bois Leprêtre où il subit un violent bombardement, quant aux autres ils cantonnent à Liverdun.

Le30 juin 1915 L'ordre est donné d'embarquer en chemin de fer à Toul. Le lendemain le Régiment débarque à Sainte Ménéhould où une revue est passée par le Général SARRAIL. Après la revue le Régiment part cantonner à La Neuville au Pont.

Le3 juillet 1915 les positions sont les suivantes : Miremont, les Hauts Batis. pour se préserver des gazs les hommes sont munis de sachets et de lunettes. la relève se termine sous un violent bombardement. Des travaux de renforcement et d'assainissement sont immédiatemen entrepris. pendant la nuit l'ennemi se manifeste par des tirs. la situation reste la même jusqu'au 7 juillet 1915. les pertes sont de 11 tués et 68 blessés.

Le7 juillet 1915 la relève a lieu, le Régiment passe en deuxième ligne. le lendemain il est de nouveau relevé et part en cantonnement La Neuville au pont et Moiremont.

Le 14 juillet 1915, le 1er bataillon se lance à l'attaque, à Blanleuil, deux compagnies, les 3ème et 4ème arrivent à gagner à l'ennemi une quarantaine de mètres. Les positions sont organisées, mais avec du gros calibre et des minenwerfers l'ennemi bombarde sérieusement et sans combat. En quelques jours, les pertes sont fortes.

Du 15 au 19 juillet 1915, le régiment, continuant son travail d'organisation, perd 22 tués, 86 blessés et 1 disparu.

Le 22 juillet 1915, le régiment se porte à l'attaque : six compagnies en première ligne, cinq compagnies en soutien, la dernière en réserve. A 17 h.40, après une préparation d'artillerie lourde et de moyen calibre, les compagnies d'assaut essaient de sortir de leurs tranchées. Mais toutes nos tentatives sont arrêtées par des feux de mousqueterie et de mitrailleuses. Deux sections parviennent à sortir des tranchées, à franchir une trentaine de mètres, mais sont clouées au sol par le tir violent de l'ennemi. Le tir de notre artillerie n'a que très imparfaitement endommagé la tranchée de première ligne ennemie. Sur certains points du front même, les Allemands sont sortis de leurs tranchées pour contre-attaquer. Une lutte de grenades et de pétards s'en est suivie et, de part et d'autre, on est rentré dans les tranchées. Pertes en ce jour 10 tués et 57 blessés

Le 26 juillet 1915 l'ennemi, après avoir démoli par un feu violent de minenwerfer et de bombes un poste d'écoute au saillant, réussit à prendre pied dans ce petit poste, mais arrêté par le feu de nos mitrailleuses et de notre infanterie et par nos grenades, il ne peut en déboucher et ne peut progresser sur le saillant. Pertes : 8 tués, 57 blessés

le 27 juillet 1915 l'ordre est donné de reprendre, dans la nuit, le poste d'écoute. Cette attaque, accueillie par un violent feu d'infanterie et de mitrailleuse, ainsi que par un jet de flammes produit par un flamenwerfer, ne peut réussir. Pertes : 12 tués, 25 blessés.

Le 28 juillet 1915 une attaque ennemie est facilement repoussée.

Dans la nuit du 1er juillet 1915 les Allemands s'emparent d'une portion de tranchée

Le 3 août 1915 une attaque est reprise, mais soumise à un feu violent de mitrailleuses que notre artillerie ne réussit pas à détruire, nos unités ne peuvent progresser, tout s'arrête devant les barrages de sacs à terre.

Le combat se poursuit par un échange de grenades de part et d'autre. Jusqu'au 26 août 1915, le Régiment tient le secteur, à l'organisation duquel il travaille dur. Les deux jours suivants, il fait mouvement pour se transporter sur la région Ippécourt - Saint-André, où il cantonne jusqu'au 8 septembre 1915.

Le 9 septembre 1915 le Régiment quitte ses emplacements et est dirigé sur Florent. Il occupe, dans la journée du 12, le sous-secteur de la Harazée.

Le 9 septembre 1915 il est relevé. Il part le 18 septembre 1915 pour Ippécourt-Saint-André et de là, le 21 septembre, pour Saint-Thomas. La grande offensive du 25 septembre se prépare.

Le 25 septembre 1915 Les troupes s'ébranlent. Elles sont reçues par un feu d'enfer. Après une progression remarquable jusqu'à la troisième tranchée allemande sur certains points, les unités, réduites à quarante combattants, privées des trois quarts de leurs chefs, sont obligées de reculer jusqu'à la parallèle de départ. Le bois de La Grurie a coûté cher : 6 officiers tués, 10 officiers blessés et 6 disparus, et pour la troupe 50 tués, 281 blessés et 109 disparus.


Après quelques déplacements, soit à pied, soit en convois automobiles, le 100ème cantonne dans la région de Toul. Le régiment reste cantonné à la caserne Bautzen à Toul du 7 au 22 octobre 1915 , Liverdun du 24 au 30 octobre, Gerbéviller, Fraimbois du 4 novembre au 5 décembre, Lunéville et, en travaux, manœuvres et repos, il atteint 1916 dans le secteur de Donjevin-Vého à partir du 26 décembre.

pendant le mois de janvier 1916, les hommes sont chargés d'entretenir les tranchées et de poursuivre les travaux d'organisation et de défense.


La bataille de Verdun.



Dans la nuit du 15 au 16 février 1916 où, pour faire une diversion en prévision de sa fameuse attaque sur Verdun, l'ennemi déclenche sur tout le front de Lorraine un bombardement intense.

Jusqu'au 11 juin 1916, le Régiment tient le secteur de Leintrey, secteur calme où quelques patrouilles et embuscades viennent seules rompre la monotonie de l'attente sous les armes.


Après un repos de dix-sept jours dans la région de Saint-Clément et quelques mouvements sur Alliancelles, Condé-en-Barrois et Belleray, le Régiment arrive le 11 juillet 1916 dans le secteur de Fleury. À peine entré en ligne, le régiment reçoit l'ordre de reprendre la station de Fleury. La formation est la suivante : 2ème et 3ème Bataillons en première ligne, le 1er en réserve. Au débouché du bois sud de Fleury, les patrouilles de tête reçoivent les premiers coups de feu tirés du ravin sud de Fleury, l'ennemi tient ce ravin, nos patrouilles, progressant par bonds, débordent les sentinelles ennemies et nous permettent de jalonner approximativement leur ligne. Une belle marche d'infiltration sous un feu violent, avec un courage et un esprit de sacrifice héroïque, permet de gagner du terrain et de porter les lignes à 500 mètres au sud de Fleury, gagnant ainsi 250 mètres de terrain.

Jusqu'au 20 juillet 1916, sur les positions occupées et qui ne sont d'abord constituées que par une succession de trous d'obus, c'est pour le régiment l'occasion de montrer, sous de violents bombardements, un esprit d'abnégation, une ardeur au travail, un sens d'organisation du terrain plus admirables que l'assaut. Presque sans vivres, sous la pluie, dans la boue, sans sommeil, les soldats héroïques creusent des tranchées, établissent les liaisons, créent des centres de résistance et, au lieu du chaos qui existait, peuvent fièrement passer le 20 juillet 1916, à leurs successeurs, un secteur organisé.

Relevé dans la nuit du 20 juillet au 21 juillet 1916 le régiment, après un déplacement de quatre jours, entre en secteur d'Apremont où il reste jusqu'au 2 décembre 1916. Le séjour dans ce secteur est particulièrement pénible, non qu'il y ait de grands combats offensifs ou défensifs, mais en raison de la proximité des lignes. La lutte infernale par minenwerfer, torpilles, bombes, grenades est incessante. Les pertes sont lourdes tous les jours et il faut toute la ténacité pour se maintenir, sans perdre un pouce de terrain, ainsi de longs mois dans cet enfer.


Le 14 décembre 1916 après quelques jours de repos à Charmontois-l'Abbé, le 100ème arrive à Verdun.

le 20 décembre 1916 il occupe les pentes nord de la cote 378 (tranchée Orsova). Deux bataillons sont en première ligne, le troisième est en soutien au ravin des Trois-Cornes. Dans cette zone du champ de bataille, le terrain, détrempé par les pluies, n'est plus qu'une mer de boue, les tranchées et boyaux que l'ennemi avait creusés sont presque totalement comblés. Les mouvements, qui ne peuvent être exécutés que de nuit, présentent des difficultés extraordinaires. Les voiturettes de mitrailleuses ne peuvent pas suivre, tout le matériel doit être porté à bras. Le plateau argileux de la cote 378 en particulier oppose des obstacles presque insurmontables aux mouvements d'infanterie. Enfin, la saison très rigoureuse augmente encore toutes ces difficultés. Non seulement les hommes s'enlisent, mais des groupes entiers égarés par leurs guides, perdus dans la nuit noire, n'arrivent à leur but qu'après des efforts surhumains. L'artillerie ennemie nous harcèle sans relâche. Elle balaie de rafales puissantes les ravins du Helly et des Trois-Cornes. Le ravitaillement ne se fait qu'aux prix d'efforts inouïs.

Cependant il faut, coûte que coûte, organiser la position. La cote 378, dont l'importance est capitale, ne doit pas retomber aux mains de l'ennemi. Avec une énergie farouche, le régiment se met au travail, des éléments de tranchée sont creusées, les boyaux sont amorcés. La pluie et le dégel détruisent rapidement tous ces travaux. C'est donc dans la boue qu'il va falloir se défendre et vivre. L'ennemi, qui occupe une région boisée, est plus favorisé, il cherche à refouler nos éléments de première ligne. Toutes ses tentatives sont brisées dans l’œuf, ses fractions d'avant-garde sont détruites ou capturées avant d'avoir pu aborder nos lignes. Jusqu'au 4 janvier 1917, le régiment a tenu dans ce secteur effroyable, sans broncher, sans faiblir, sans se plaindre. Vers la fin de la période de secteur, il a réussi, au prix d'efforts surhumains, à construire de nouvelles lignes de défense et passer à ses successeurs, un secteur réellement en état de défense. Le chiffre des pertes subies est en tués, blessés et écacués de 7 officiers et de 975 hommes.


L'année 1916 se termine à Verdun et, le 5 janvier 1917, le régiment va prendre ses quartiers d'hiver à Rambercourt-aux-Pots. Pendant le séjour rien à signaler.

Le 22 février 1917, le régiment se réveille. Un détachement de volontaires, pénètre dans les tranchées de soutien allemandes et, en 15 minutes, tue ou blesse tout ceux qui s'y trouvent, détruit les abris et revient avec 14 prisonniers, n'ayant perdu que 2 tués et 1 blessé.



L'Alsace.



Le 5 mars 1917 le Régiment se rend en Alsace, après avoir stationné aux environs de Montbéliard jusqu'au 21 mars 1917. Il se porte par étapes vers l'est pour aller prendre le sous-secteur des bois de Carspach dans la nuit du 27 au 28 mars 1917.

Le 16 mars 1917 au matin, après bien des difficultés, une section revient à son point de départ, ayant vu les tranchées et abris boches complètement bouleversés, des cadavres un peu partout, et ramène 5 prisonniers. Ele a eu 1 blessé.

Du 23 mai au 12 juin 1917 le régiment fait des étapes dans la région Belfort-Lure et vient, le 12 juin s'embarquer à Dounoux. Le 13 juin 1917 il débarque à Mourmelon-le-Petit et s'installe au camp Berthelot. Dans la nuit du 14 au 15 juin 1917, il relève le 101ème dans le sous-secteur des Écoutes, région du Téton.



Mourmelon le Petit.



Le 21 juin 1917 un fort coup de main ennemi entraîne un violent combat de deux jours. Après une violente préparation d'artillerie, une attaque allemande se déclenche sur notre première ligne et réussit à pénétrer dans une portion de tranchée. Pour utiliser le succès, les soutiens allemands essayent de progresser. Mais le 100ème arrête net un fort groupe ennemi. Ne pouvant, devant la résistance opiniâtre, continuer son avance, l'ennemi réussit à prendre à revers la demi-section, mais alors une contre-attaque rétablit le combat.

A 20 h.30 un combat à la grenade, qui dure toute la nuit, s'engage. A 2 h.45, le 22 juin 1917, lors d'une contre-attaque une partie des tranchées perdues la veille est reprise. Une nouvelle attaque à la grenade est repoussée. L’acharnement est extrême. Le soir, nouvelle contre-attaque. A l5 h.l5, après une intense préparation, tous ces éléments s'élancent et, au bout de 25 minutes d'un vif corps à corps, les Allemands qui restent encore reculent en désordre vers leurs tranchées de départ. Notre première ligne est rétablie dans son intégrité.

Ces deux journées de combat ont coûté : 21 tués, dont 2 officiers ; 43 blessés et l3 disparus.


La relève a lieu du 30 au 31 juin 1917. Le régiment est en réserve de corps d'armée, près de Mourmelon-leGrand. Le 9 juillet 1917 le régiment entre en secteur au mont Sans-Nom. Il est relevé le 21 septembre 1917 et, après divers cantonnements, arrive le 24 septembre 1917 dans la région nord-ouest d'Épernay, où il stationne jusqu'au 13 octobre 1917, il fait de l'instruction et fournit divers détachements.


Le secteur de Reims.



Dans la nuit du 13 au 14 octobre 1917 le 2ème Bataillon relève dans le quartier Verrerie le 3ème Bataillon du 334ème RI.

Dans la nuit du 7 au 8 novembre 1917 un détachement de la 6ème Compagnie va faire une visite peu amicale aux Boches de la tranchée Rospovar. Ceux-ci, avec un sentiment très net de la situation, sont partis au bon moment, laissant des quantités d'outils qui prouvent bien que quelques instants auparavant elle était occupée. Le détachement français revient donc sans prisonniers. Mais les Allemands font donner leur artillerie, puis leurs minenwerfer et, le 9 novembre 1917, à 19 heures, après un tir d'aveuglement sur nos petits postes, un fort coup de main est dirigé sur le fortin 0468 et la partie adjacente de la tranchée Carlotta. Mais indépendamment du tir de barrage déclenché très rapidement par notre artillerie à la lueur des fusées, les mitrailleuses, le canon de 37, les fusils-mitrailleurs, les V. B. entrent en jeu. On entend des cris, des hurlements plutôt, honteusement, dans le plus grand désordre, l'ennemi reflue sur ses positions, à plusieurs reprises, pendant la nuit, on voit des détachements ramasser ses morts et ses blessés. Malheureusement, nous avions de notre côté 7 morts et 8 blessés.

Jusqu'au 14 décembre 1917, le régiment fait des travaux et de l'instruction, puis il relève le 63ème et, jusqu'au 22 janvier 1918, il garde le sous-secteur Betheny où le même régiment vient à son tour le relever. Rien à signaler jusqu'au 18 février 1918, où le régiment reprend les tranchées au secteur nord.

Le 25 janvier 1918, un vague coup de main ennemi est repoussé. C'est la période de tâtement des deux côtés.

Le 1er mars 1918, après un tir violent qui dure presque sans interruption, de 9 h.45 à 18 h.50, et deux émissions de gaz, à 17h.20 et 17h.35, sur les tranchées du Village, du Sémaphore, l'ennemi ne peut réussir une attaque, arrêté dès le départ par le tir de notre artillerie et de nos mitrailleuses, mais, le 9 février 1918, il se venge et pénètre sur une certaine étendue dans nos lignes, nous causant quelques pertes.

La riposte a lieu le 18 mars 1918. La première partie de l'opération donne lieu à une lutte terrible, la tranchée Delvino est prise sans coup férir. A la tranchée Heinemann, où nos hommes arrivent juste au moment où notre barrage roulant l'a quitté, ce fut plus difficile. Une mitrailleuse sous abri blindé nous blesse quelques hommes. Les Boches, des braves, cherchent à sortir, à toutes les sommations de se rendre, ils refusent. Nos grenadiers en tuent un grand nombre. Les sapeurs détruisent les abris et leurs occupants. Nos pertes sont de 1 tué, 10 blessés, 1 disparu. Nous ramenons 12 prisonniers, dont 3 blessés. On ne peut évaluer le nombre d'ennemis tués, mais il était grand.

Jusqu'au 9 avril 1918, alertes continuelles, petits coups de main, attaques de sentinelles. L'ennemi est actif, les nôtres vigilants. Néanmoins ce jour nous perdons deux sentinelles, résultat assez maigre d'une petite attaque ennemie composée d'au moins 200 hommes et qui, sous nos tirs, a dû laisser pas mal de plumes sur le terrain.

Le 20 avril 1918, une patrouille, surprend une forte patrouille ennemie, charge à la baïonnette, lui tue 4 hommes et 1 sous-officier, et rentre avec 1 sergent et 1 soldat blessé. La même opération s'effectue le 26 avril 1918. Cette fois, une attaque met en fuite l'ennemi après lui avoir causé des pertes.


Pendant quelques semaines, le secteur devient calme.


La Bataille de Reims.



Le 8 mai 1918 le Régiment tient avec deux bataillons les avancées de Reims, dans les C. R. Bétheny et faubourg de Laon, un bataillon en réserve, partie å Tinqueux, partie à Bezannes. Jusqu'au 28 mai 1918 sauf une démonstration assez violente dans la nuit du 26 au 27 mai 1918, le secteur est calme. Les combats qui vont se dérouler ont lieu dans un théâtre très restreint. Le triangle qui les contient a pour base, au nord de Reims, le village de Bétheny et la Neuvillette, et comme sommet la ville elle-même. De nombreux centres de résistance parsèment les lignes successives orientées est-ouest. Chacun de ces centres, presque chacune de ces tranchées et ces boyaux va être attaqué, perdu, repris, contre-attaqué un nombre formidable de fois.

Une attaque ennemie, partant de la tranchée d'Aviona, se porte sur Bétheny et ses abords est-ouest. Elle s'empare du village et des tranchées adjacentes, et essaie de progresser sur son objectif qui est le pont Aimé. Le commandement adverse a pour cela massé de gros effectifs dans le village de Bétheny. Une première attaque ennemie est repoussée. Pendant ce temps, à notre gauche, se livrent des combats confus à la Neuvillette et la ligne du canal. A 2 heures du matin, le lendemain, le régiment, tient toute la région au sud de Bétheny. De 4 à 6 heures, il repousse deux attaques, à l2 heures, il arrête en partie, à coups de mitrailleuses, une sérieuse infiltration venant des tranchées de Mayence et de Westphalie, à l8 h.45, une véritable vague d assaut qui veut déboucher de Bétheny est rejetée en désordre sur ses bases de départ et, pour finir cette journée, deux petites attaques, l’une à 22 heures, l'autre à 23 h.30, sont également repoussées.

Le 31 mai 1918, de 2 h 30 à 8 heures, des mouvements s'exécutent sur notre ligne pour effectuer des replis pour permettre une meilleure utilisation des forces. A 8 h.05, une attaque allemande se déclenche et, après un combat à la grenade excessivement dur, l’ennemi réussit à prendre pied dans le cimetière. La ligne est débordée, et l'ennemi continue son infiltration sur Courcelles et Tinqueux. L'état-major envisage même le repli au sud de la Vesle, mais avant de l'exécuter il faut tout tenter, non seulement pour résister, mais pour reprendre le terrain perdu. A 20 heures, une contre-attaque à la grenade nous permet de reprendre le cimetière. Une attaque de celui-ci lui permet de pénétrer dans le boyau nord sur un front de 500 mètres.Il en est presque immédiatement chassé par une vigoureuse riposte de nos troupes. La lutte est farouche. Les ordres sont simples : tenir jusqu'au dernier homme. La journée du 1er juin 1918 est aussi dure que celle du 31 mai.

Le 2 juin 1918 une tentative contre la Scierie réussit en partie, mais des renforts ennemis ne nous permettent pas de conserver le terrain acquis. Enfin, le3 juin 1918 est relativement calme ; Français et Allemands sont harassés. La trêve va durer. Sauf des tirs de harcèlement, il n'y aura rien de bien sérieux jusqu'au 10 juin 1918.

Le 10 juin 1918 le bataillon reçoit l'ordre de se porter en lisière du bois situé au sud de Merfy, puis contre-ordre pour se replier au sud de la Vesle. A 9 h.30, le bataillon reçoit l'ordre d'attaquer la cote 114 (1 kilomètre nord de Thillois, carrefour des routes Reims-Soissons et Thillois-Merfy). La progression, bien commencée malgré un feu violent, est arrêtée vers l2 heures. Nous avons reconquis du terrain dont nous ne cédons pas une parcelle quel que soit le bombardement. Dans la nuit, le bataillon doit être relevé. Au moment de la relève, l'ennemi attaque, plusieurs unités étaient déjà parties.

Mais dans cette période de bataille terrible, il n'y a pas de repos. Le bataillon reçoit l'ordre d'occuper depuis la lisière est d'Ormes jusqu'au boyau de la Haubette. Sous une pression incessante et tenace de l'ennemi, ces éléments refluent par la tranchée de Bombay et le boyau d'Ormes, nos hommes restent impassibles devant ce désordre, ils sont tout entiers à leur mission qui est de tenir coûte que coûte. Une attaque allemande se produit à 20 h. Elle réussit d'abord à progresser. mais devant la fougue des Français, les Boches hésitent et se replient tout en combattant. La compagnie les mitraille à bout portant, leur tuant beaucoup de monde, notamment trois officiers, faisant 9 prisonniers, laissant sur le terrain de nombreux blessés boches, capturant 4 mitrailleuses et des munitions, et les rejetant en désordre sur leurs positions de départ. Des documents de la plus haute importance pour le commandement (plans et cartes) sont recueillis sur le cadavre d'un officier.

La section TORRÈS, de la 9ème Compagnie, dans un bel élan, est partie avec à la contre-attaque et reussit à mettre l'ennemi en fuite. Vers 22 heures, la section COPPIN part en reconnaissance devant le front de la 9ème pour ne rentrer qu'à 3 h.30 dans ses lignes, après avoir fouillé les abris d'artillerie de la route Ormes-Tinqueux et les boyaux donnant accès à la route Reims-Soissons, ramenant du matériel.

Le lendemain, attaquée violemment, la 10ème Compagnie, pour mieux voir l'ennemi qui se dissimule dans les blés déjà très hauts en ce moment, monte sur le parapet et, par ses feux de mousqueterie et de V. B. arrête net la progression allemande. Aucun passage n'existant dans les fils de fer, cette vaillante unité ne peut, malgré son désir, passer au corps à corps en contre-attaquant. La journée du lendemain se passe sous un violent bombardement, tout le monde est en ligne.

Le 3 juin 1918, le bataillon rejoint le régiment. Pendant cette période, nos pertes ont été de 5 officiers blessés et 1 officier disparu, et pour la troupe de 46 tués, 173 blessés, 34 disparus.


Jusqu'au 14 juin 1918 il n'y a à signaler que quelques rencontres de patrouilles. Le 14 juin 1918 une Compagnie de manœuvre, formée de deux sections, reçoit mission d'attaquer la partie ouest du boyau Nord, située entre le boyau Sans-Nom et le canal. La première colonne a à peine le temps de déboucher du boyau Desmoulin, seuls quelques éléments de la section VERDIER réussissent à prendre pied dans le boyau Nord, mais devant des forces très supérieures ils doivent l'évacuer. La 2ème colonne, progresse dans le boyau Nord, enlève la première barricade et deux barrages successifs.

A ce moment, les Allemands attaquent avec violence et en forces considérables et, malgré une résistance acharnée, nous sommes obligés de céder le terrain si péniblement gagné. Le 18 juin 1918, c'est au tour des Allemands. Après une longue et intense préparation d'artillerie de tous calibres et l'écrasement systématique de notre première ligne par des minenwerfer de 240 et de 270, l'ennemi, composé de stosstruppen et de troupes ordinaires, donne son effort sur tout l'ensemble du secteur. Il réussit à forcer notre défense en quelques points, en particulier au cimetière, les vergers au sud-ouest de celui-ci et dans le boyau Nord, mais d'énergiques et promptes contre-attaques nous rendent bientôt l'intégrité de notre ligne. Nous avons perdu, dans cette journée, 2 officiers blessés et dans la troupe 9 tués, 21 blessés, 44 disparus.


Jusqu'au 7 juillet 1918, le secteur change de physionomie et, tout en étant assez dur, présente un calme inaccoutumé.

Le 7 juillet 1918, un coup de main est exécuté par la section LAISNÉ sur les abris placés à la jonction de la tranchée de Bourgogne et de la tranchée de Paris, l'opération ne peut réussir, les brèches faites dans les réseaux ennemis n'étant pas suffisantes.

Du 22 juillet au 2 août 1918 Reims et ses environs immédiats sont le terrain de combats acharnés avec des alternatives diverses, repli ou progression de nos troupes. Mais dans tous les cas, chaque repli ou progression entraîne une ou plusieurs contre-attaques aussi bien du côté allemand que français. Les opérations sont effectuées par des unités variant de la patrouille à un groupe de deux sections.

La lutte autour de Reims, pour en avoir les avancées, va devenir farouche entre le 2 et le 5 août 1918. Le premier effort se porte sur la Neuvillette. Les amorces du combat se produisent entre le 2 et le 3 août 1918, mais sans résultats très appréciables. Néanmoins, nous avons fait quelques gains.

Le 3 août 1918 à 18 h.30, l'ennemi cherche à reprendre ce qu'il a perdu. Les ordres doivent être sévères, car il prononce jusqu'à neuf attaques successives. Aucune ne réussit. Profitant du désarroi des Boches, nos troupes prennent l'offensive et atteignent le carrefour tranchée Detaille, boyau Detaille. Dans la journée du 4 août 1918, nos troupes continuent leur progression dans la Neuvillette, malgré une résistance tenace des Allemands. De durs combats s'engagent dans le village et ses abords. Nos soldats conquièrent maison par maison tout le village et progressent mètre par mètre dans les tranchées Detaille et Borda, s'emparent du cimetière puis, continuant leur mouvement, gagnent la cote 80-5. La progression à gauche du village présente des difficultés plus grandes. Puis, finalement, vers 16 heures, les éléments de gauche arrivent à hauteur des éléments de droite et par un dernier bond, nos détachements atteignent les maisons nord de la Neuvillette : le village est conquis.

Ainsi, la gauche du secteur était dégagée, il y a lieu de reprendre le mouvement en avant sur la ferme Pierquin, la route de la Neuvillette à Bétheny et l'ouvrage du général AIMÉ. Cette opération s'effectue le lendemain. Ce dernier ouvrage est pris et repris plusieurs fois, après des luttes extrêmement violentes et, finalement, le 5 août 1918 au soir, à 16 heures, il tombe entre nos mains. Quatre contre-attaques allemandes, furieusement poussées, ne réussissent pas à modifier ce qui existe. A partir de ce moment, nous tenons notre ancienne ligne et cessons d'être à demi encerclés. Naturellement, l'ennemi réagit et, pendant les journées qui suivent, il se livre à de nombreuses attaques sur tous les points du front reconquis, en particulier sur l'ouvrage du général AIMÉ, tout échoue.

Pendant cette période, si le régiment a eu de beaux succès, il a souffert beaucoup et les pertes du 2 au 12 août 1918 sont de : 1 officier tué, 1 officier blessé et 1 officier ypérité et, pour la troupe, 46 tués, 87 blessés et 25 ypérités.


Jusqu'au 24 août 1918 quelques coups de main allemands ne modifient en rien la situation, sauf dans la nuit du 20 au 21 août où nous avons perdu quelques prisonniers, non par manque de courage et d'initiative ou de courage de leur part, mais parce que, à la suite des incidents du combat, des armes automatiques se sont trouvées enrayées. Enfin, après ces durs combats qui presque sans interruption ont duré plus de trois mois, le Régiment est mis au repos.


La Bataille de l'Aisne.



Le Régiment reprend son mouvement vers le nord-ouest et, le 30 août 1918, il va bivouaquer au bois Le Moine.

Le 1er octobre 1918, montant toujours au nord il se rapproche de plus en plus de la zone de combat, dont le point central était pour lui Bouffignereux. Les troupes bivouaquent sur place jusqu'au 2 octobre 1918 au matin. A 6 heures, le mouvement est repris. Pour venir à la rescousse des divisions en ligne, le 3ème Bataillon s'engage sur Bouffignereux qu'il trouve inoccupé, puis sur Gernicourt, tandis que le 2ème Bataillon vient prendre position aux abords de Bouffignereux. A 9 h.30, les patrouilles de tête du Bataillon PINAUD sont accueillies par des feux violents de mitrailleuses partant de la région du carrefour (500 mètres au nord de Bouffignereux). Manœuvrées par deux compagnies et craignant d'être enveloppées, les mitrailleuses allemandes se retirent. Sur la route de Bouffigneux à Gernicourt se trouve le bois Poupeux, d'où partent des feux nourris. Grâce à une manœuvre aussi ardente qu'habile, à 14 heures, ce bois est en notre possession et le régiment stoppe un moment. Des reconnaissances d'officiers sont envoyées sur Gernicourt, mais ne peuvent avancer, arrêtées presque aux lisières nord du bois Poupeux par des tirs violents de mitrailleuses venant de la direction de Gernicourt. L'action du régiment est terminée, l'ordre de relève étant arrivé. Chacun s'installe en position de combat en attendant les remplaçants. Le lendemain, les unités se portent sur Jonchéry, où elles se reposent trois jours


Le retour en Argonne.



le 7 octobre 1918, sont embarquées en camions pour arriver le 8 octobre 1918 au matin au bivouac, au nord de la route Souain-Tahure, à environ 2 kilomètres nord-est de Souain.

Placé, le 11 octobre 1918 en réserve d'armée à la ferme Médéah, près d'Orfeuil, le régiment y reste deux jours, puis il s'installe dans le secteur de Vouziers. Trois reconnaissances sont envoyées, dans la nuit du 15 au 16 octobre, pour reconnaître le terrain entre le canal et l'Aisne, et se rendre compte des possibilités de passage pour l'infanterie, de façon à avoir une base pour l'établissement de passerelles sur l'Aisne. Bien qu'elles aient été reçues à coups de fusil et de mitrailleuses, et empêchées d'accomplir leur mission, soit par suite d'incendies qui les dévoile, soit pour avoir été éventées par des embuscades ennemies, elles rapportent des renseignements précieux.

l'Aisne est franchie. C'est sous un bombardement intense que le bataillon commence son opération. Malgré quelques pertes, tout se fait dans le plus grand ordre et les compagnies atteignent la route de Vandy, contre laquelle elles viennent se regrouper et s'abriter des tirs de mitrailleuses ennemies, car à ce moment notre artillerie a commencé sa préparation et les mitrailleuses allemandes aussitôt balaient la plaine, sans rien voir, par suite d'un brouillard très épais qui couvre toute la vallée. Mais le moment est venu de partir à l'attaque. Notre artillerie a levé son barrage. Tout le monde se précipite d'un élan jusqu'à la ligne de défense ennemie. La 5ème compagnie fait les premiers prisonniers : un groupe de deux hommes en sentinelle. Elle pénètre dans le bois lorsqu'elle est accueillie par des feux de mitrailleuses sur sa droite, ce sont les défenseurs de la ferme du Petit-Ban. Ils sont vite cernés et 15 prisonniers, 3 mitrailleuses, 2 lance-bombes sont pris. Un peu plus loin, la Compagnie s'empare d'un canon de 77 millimètres avec un officier et 15 artilleurs. Mais un arrêt se produit, une forte fraction ennemie descend les pentes de la côte 163, nord de Chestres, et contre-attaque. La ferme du Petit-Ban est perdue. Une contre attaque arrête l'Allemand qui n'ose déboucher de la ferme où il reste jusqu'au lendemain. Cependant, à gauche, la Compagnie DOCQUOIS progresse régulièrement, réduisant les nids de mitrailleuses qui gênent sa marche. Puis la Compagnie MALAISE s'engage plus à gauche. A 7 h.45, le premier objectif du Bataillon est atteint et il commençe à s'organiser sur place. Mais les cadres ont payé cher ce succès.

Le Bataillon manœuvre dans les bois et se place face au nord, ses têtes de colonne atteignant les lisières nord du bois du Petit-Ban . Quelques patrouilles ont déjà quitté le couvert des bois, elles sont clouées au sol par les mitrailleuses ennemies, mais leur rôle est rempli, elles ont éventé le piège mortel. La 2ème Compagnie déclenche son attaque sur la Croix-de-la-Chaponnière. Ce lieu cache plusieurs mitrailleuses qui sont bientôt réduites, grâce à l'intrépidité, au courage et à la science manœuvrière de la section MOREAU. A 13 heures, la 2ème Compagnie avait atteint ses objectifs. A la même heure, le commandant TARRADE, qui dirige sa manœuvre avec une grande maîtrise, lance sa compagnie LE GUERN renforcée d'une section de mitrailleuses, sur son objectif, le plateau compris entre le carrefour 14-67 et la croix de la Chalaila. Tout ce terrain est parsemé de mitrailleuses qu'il faut réduire une à une par une infiltration lente, car l'Allemand s'accroche résolument au sol. Aussi les prisonniers sont peu nombreux lorsque, vers 17 heures, la 3ème Compagnie fait sa liaison avec la Compagnie VANIER du 319ème Régiment d'Infanterie et s'établit face à l'est. Pendant cette opération, la compagnie GERLAC (1re), avec une section de mitrailleuses, manœuvrait plus à l'ouest pour couvrir le mouvement de la 3ème Compagnie et s'emparait sans pertes de la ferme Tissot.

La journée se finit par un dernier succès. Tandis qu'à la brume le commandant TARRADE faisait relever la 2ème Compagnie par la 1ère Compagnie, un mouvement d'infiltration ennemi est remarqué par une reconnaissance. cette dernière met l'ennemi en fuite. Témoin de loin de ce spectacle, le lieutenant GERLAC arrive avec une section de renfort, poursuit l'ennemi et tombe sur une batterie de 77 dont il bouscule ou tue les servants. Profitant de cet avantage, toute la compagnie s'installe sur les pentes ouest du ravin de Clairefontaine, face au nord-est.

Pertes : 2 officiers tués, 3 officiers blessés, 18 hommes tués, 78 blessés, 1 disparu.

La journée du 19 octobre 1918 fut moins chaude à droite. Le Bataillon de LANCESSEUR doit occuper toute la croupe à l'ouest de Clairfontaine, mais il est gêné dans son mouvement par les défenseurs de la ferme du Petit-Ban. Le bataillon PINAUD qui a franchi l'Aisne le 18 octobre, reçoit l'ordre de mettre à sa disposition deux sections sous les ordres du lieutenant LAFOUGE. Grâce à ce renfort, le Petit-Ban est enlevé et l'ennemi s'enfuit, poursuivi par nos feux, en abandonnant deux pièces de 77. Le Bataillon peut alors progresser sans peine et atteint rapidement ses objectifs. Sur la croupe qu'il occupe, il reçoit l'ordre de placer des fusils mitrailleurs qui toute la journée vont balayer le plateau, à l'est de la cote 193, et gêner considérablement les mouvements de l'ennemi qui défend encore ce plateau.

Sur le front du bataillon TARRADE la lutte fut plus âpre encore que la veille. L'ennemi, revenu de sa surprise, réagit fortement sur les croupes et la cote 193. Son artillerie balaie le plateau, ses mitrailleuses fauchent tout ce qui émerge au-dessus du sol. Les Compagnies GERLAC et LE GUERN doivent néanmoins progresser vers le nord-est, elles se portent en avant en parfaite liaison.

C'est, comme la veille, la lutte pied à pied, la manœuvre d'encerclement des nids de mitrailleuses, lutte où la valeur individuelle, le courage de chacun, l'initiative intelligente du soldat français doivent l'emporter sur un ennemi lourd et long d'esprit. Elle dure tout le jour sans répit, mais, à 16 heures, les deux Compagnies ont dépassé la cote 193 et se maintiennent sur leurs positions, malgré de violentes contre-attaques. Nos pertes sont assez élevées, mais du côté de l'ennemi elles sont terribles. Le sol est jonché de cadavres.

Au cours des journées des 16 et 19 octobre nous avons fait 150 prisonniers, capturé 6 canons, 2 minenwerfer et un grand nombre de mitrailleuses. Pertes : 1 officier tué, 1 officier blessé, 5 hommes tués, 57 hommes blessés, 5 hommes disparus.

Dans la soirée du 19 octobre, après deux journées de terribles combats, le régiment est soi-disant relevé. En effet, il reçoit l'ordre d'exécuter un mouvement rétrograde et de se porter à la droite de la division pour s'engager aux abords de la route Vouziers-Grandpré. Le 20 octobre 1918, à 8 heures, le commandant PINAUD attaque en direction de Longwé, ayant pour premier objectif le Chamiot d'abord et les lisières du bois sud-est ensuite.

Au début, l'attaque progresse d'une façon satisfaisante, mais les assaillants sont gênés par des feux de flanc venant de la croix Dariq. Toutefois, à 11 heures, la compagnie BUISSON a atteint le Chamiot où elle s'installe et d'où elle poursuit par ses feux l'ennemi en retraite. A droite, la 9e Compagnie n'a pu gagner que fort peu de terrain. A gauche, la Compagnie BOUTEIL, du 65ème a gagné le ruisseau de Châlons, mais elle subit de grosses pertes. C'est à ce moment que l'ennemi contre-attaque de face sur Chamiot, à droite sur le flanc droit de la 9ème Compagnie. Après une lutte acharnée, la 11ème compagnie doit se retirer lentement et s'établir aux lisières des bois, situé à 300 mètres à l'ouest du Chamiot.

Le reste de la journée se passe sans incident. La Compagnie MALAISE est engagée à gauche du bataillon PINAUD pour rétablir la liaison avec la compagnie BOUTEIL, 65ème Régiment d'Infanterie, qui a appuyé trop à gauche. Toutes les tentatives d'infiltration ennemies échouent sous nos feux. Pertes : 1 officier tué, 9 hommes tués, 25 blessés, 9 disparus.

Le 21 octobre, l'attaque doit reprendre avec les mêmes objectifs, à 8 h.40, mais l'ennemi nous a précédés. A 6 h.30, il procède à un bombardement extrêmement violent de nos lignes, puis il lance son infanterie à l'attaque en direction Chamiot-Vouziers et en direction sud-est-nord-ouest. la 9ème Compagnie résiste sur place, reçoit le choc le plus violent de l'ennemi et se défend dans des corps à corps nombreux. Les hommes tirent sans arrêt, se réapprovisionnant sur les morts et les blessés. Ils causent à l'ennemi de lourdes pertes. La 10ème Compagnie, au centre, a été attaquée par la route et fléchit légèrement. Le chef de bataillon et le capitaine adjudant-major reportent en avant les éléments qui retraitent, en même temps, ils poussent en avant, à cheval sur la route, la 5 ème Compagnie qui, bien orientée et bien commandée par le sous-lieutenant PERSOIRE, étaye solidement la ligne qui est maintenue. La 9ème Compagnie, fortement pressée, a cédé un peu de terrain. Sur les indications du chef de bataillon, le lieutenant la reporte en avant. La 11ème Compagnie a été attaquée de front et a dû se replier légèrement. Suivant le mouvement de la 10ème Compagnie, son mouvement de repli s'exécute avec précision en liaison avec la 7ème Compagnie. Par son feu elle arrête l'avance de l'ennemi et lecontre-attaque avec une section de la 7ème Compagnie, l'obligeant à reculer. Ces contre-attaques ramènent la 7ème Compagnie à la hauteur du chemin Chestres-Chamiot. Vers 10 h.30, la situation est rétablie, sauf à droite où la 9ème Compagnie a dû quitter le fond du ravin de la Sorne et s'est établie sur les pentes nord, à environ 200 mètres de la grand'route.

la compagnie GERLAC exécute, sous un feu violent, une retraite remarquable d'ordre et de précision. La 7ème Compagnie, liant son mouvement à celui de la 1ère, s'établit à la hauteur du chemin Chestres-Chamiot. Le P. C. du chef de corps, qui était installé à Chestres, est transporté à la ferme de la Providence. Vers 14 et 17 heures, l'ennemi tente à nouveau d'aborder nos lignes en procédant par infiltration, mais il est repoussé par nos feux. A 15 heures, le lieutenant-colonel envoie aux compagnies l'ordre de s'installer sur le terrain occupé.

La nuit est assez calme, quelques tirs d'artillerie et quelques rafales de mitrailleuses. Au cours de cette journée, le 3ème Bataillon a reçu le choc très violent d'un ennemi décidé à nous rejeter dans l'Aisne, ainsi qu'il résulte de l'interrogatoire d'un prisonnier fait le matin à 7 heures. Dans l'ensemble, la ligne tenue par le bataillon, le 20 octobre 1918 au soir, n'a pas été modifiée, des combats acharnés, allant souvent jusqu'au corps à corps, se sont livrés sur les positions.

A la droite de la 9ème Compagnie, la section ROCHE, par sa ferme attitude, a empêché que le Bataillon ne soit tourné sur la droite. Le sergent MOUILLE, commandant une section de la 9ème Compagnie a résisté également sur place, empêchant l'ennemi d l'aborder. Le caporal OUVRARD, 9ème Compagnie, apercevant sur la route de Chamiot une mitrailleuse ennemie qui prenait à revers sa Compagnie, s'approche de la mitrailleuse, tue le tireur et met les autres servants en fuite. Dans le secteur de la 10ème Compagnie, le sous-lieutenant BARTHÉLEMY, commandant une section de mitrailleuses, ayant épuisé les munitions de ses pièces, défend la position à coups de carabine, faisant lui-même le coup de feu avec son revolver. Cependant, à gauche, le chef de bataillon TARRADE, regroupant les Compagnies de son Bataillon, reçoit l'ordre de tenir à tout prix Chestres et la cote 163. Il s'accroche solidement au terrain, fait sa liaison avec le 65ème Régiment d'Infanterie établi au nord de Chestres. L'attaque ennemie est enrayée par le bataillon TARRADE, comme elle l'a été au sud par le bataillon PINAUD. L'effort considérable tenté par l'ennemi avec l'élite de ses troupes a abouti à un échec complet grâce à la vaillance du régiment qui, le contenant sans cesse, n'a pas cédé un pouce de terrain et a empêché que les défenseurs de la tête de pont, si chèrement achetée, soient rejetés dans l'Aisne. Pertes : 4 officiers blessés, et parmi les hommes de troupe nous avons 40 hommes tués, 193 blessés, 17 disparus.

Le 22 octobre 1918 après quelques duels d'artillerie et une assez violente préparation de l'ennemi, celui-ci prononce sur nos lignes une attaque qui est repoussée.

Le 23 octobre 1918 une attaque de notre part ne peut progresser qu'en quelques points. Une ligne de mitrailleuses lourdes et légères allemandes établie trop près de nos emplacements n'a pu être détruite par nos tirs de préparation. Pendant la nuit suivante, malgré une résistance acharnée, nos troupes marquent une légère avance et commencent à s'organiser sur les positions conquises.

Les journées des 25, 26, 27, 28 octobre 1918 sont assez calmes.

Dans la nuit du 28 au 29 octobre 1918, le 94ème Régiment d'Infanterie relève le 100ème. La grande guerre est finie pour lui.



Le Régiment se rend d'abord à Pont-Faverger et, après un court séjour à Tours-sur-Marne, stationne dans la région d'Avize — région d'Épernay — jusqu'au 5 février 1919, date à laquelle il est embarqué à destination de Pau, pour assurer le service des postes frontières depuis Hendaye jusqu'à Saint-Girons.







Mes sources.


Journal des Marches et Opérations du 100ème Régiment d'Infanterie.

Historique du 100ème Régiment d'Infanterie - Imprimerie Thiers, Tulle, 1920.

La carte des morts pour la France de Tulle - luc FESSEMAZ, Canopé de l'Académie de Limoges, mai 2015.

Carnet de route de Léon LEBRET 1914-1918 - Le Chtimiste.

et ...

... tous les propriétaires des photos.


Merci à tous.

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